samedi 5 novembre 2011

Déni, mauvaise foi et réveil médiatique

Sondage de La Voix de l'Est aujourd'hui.  Deux reportages à lire (ici et ici).

Déni

Il y a 2 ans, peu avant les élections, un sondage par la même firme pour le compte du même journal donnait 58% des intentions de votes à Richard Goulet.  À peine une semaine plus tard, la population votait et ne lui a donné que 49% des voix.  Aujourd'hui, la descente se poursuit avec une intention de vote de 38% pour Richard Goulet contre 43% de la population qui voterait pour un autre candidat, alors qu'il n'y a aucun nom pour ce candidat!

Mais voilà, Richard Goulet a sa petite hypothèse:  «Quand je regarde tous les changements qui ont été faits au cours des dernières années aux niveaux sportif, culturel et pour la dette, honnêtement, je suis plus que satisfait. J'aurais aimé avoir un taux de satisfaction plus fort, mais je ne suis pas surpris. Il s'est tellement fait de choses que je pense que ça a perturbé les gens».

Les gens sont pertubés!

«Mais s'il est un point avec lequel Richard Goulet est d'accord avec Segma recherche, c'est la conclusion à laquelle la firme arrive en analysant les résultats du sondage: la population est divisée entre deux visions de la gestion des finances de la ville. «C'est en plein ça», laisse tomber le maire sans équivoque.»

Ça fait combien de temps que je dis au conseil qu'il y a plusieurs points de vue différents à Granby et que le conseil se doit de rallier tout ce monde?  Le maire comprend, mais il choisit plutôt la confrontation:

«Pendant 12 ans (période durant laquelle Michel Duchesneau, Denis Langlois et Guy Racine ont occupé la mairie), on a mis en place un système où on parlait contre l'endettement et les investissements. Mais ça a mis les infrastructures de la ville à terre. On n'aurait jamais dû faire ça. On paye aujourd'hui pour tout ce qui n'a pas été fait», estime M. Goulet.

Il dit ça malgré le fait que 34% des citoyens considèrent la réduction de la dette comme étant «LA priorité»; malgré le fait que 76% des citoyens se disent inquiets de l'accroissement de la dette de la Ville de Granby.  Plus de la moitié de ces gens croit que cette dette est injustifiée.  Mais SA vision est la bonne, toutes les autres sont mauvaises et doivent être écrasées.  C'est le plus gros dommage que Richard Goulet aura légué à la Ville de Granby:   Un renforcement des divisions au sein de la communauté granbyenne.

Mauvaise foi

Il y a une chose à laquelle Richard Goulet s'attache beaucoup et je voudrais rectifier les faits.  Richard Goulet tente de prouver que le remboursement de la dette s'est fait au détriment des investissements dans les infrastructures.  C'est faux et ce n'est qu'un mythe qui ne fait que réconforter Richard Goulet et ses accolytes dans leurs dépenses injustifiables.

«Cela ne concerne pas les travaux réalisés au golf Miner, au CINLB ou pour les terrains de soccer, dit-il.  Mais plutôt les investissements réalisés dans les infrastructures souterraines pour renouveler ou prolonger les conduites d'aqueduc et d'égoût.  «Au cours de ces années, il n'y a eu en moyenne que 1 million $ par année d'investis», dit le maire.»

Or, c'est faux.  Voici des données compilées par la contrôleure au budget de la Ville de Granby, Mme Johanne Bouthiette (engagée de façon régulière en 2008, sous la gouverne de Richard Goulet).

En ne prenant que les chiffres sur la ligne réseaux d'aqueduc et d'égouts, on obtient une moyenne de 1 891 777 $ pour les années 1994-2005.  Je ne sais pas où Richard Goulet prend son chiffre de 1 M $, les données que je vous présente viennent de la Ville.  De plus, en faisant le même exercice pour les années 2006-2009 (2008-2009 étant des prévisions), on obtient une moyenne de 5,75 M $, ce qui est prêt de l'affirmation du maire disant qu'il a investi en moyenne 5,5 M $ par année dans le même poste budgétaire.

Vous allez me dire:  «5,5 M $, c'est quand même beaucoup plus que 1,9 M $.»  Pas vraiment.  Voici une autre formule que Richard Goulet s'époumone à répéter (celle-là est juste, par contre):

«Le maire a sorti ses colonnes de chiffres, hier après-midi, pour montrer qu'en 1993, la dette de la Ville était de 62 374 272 $, alors que sa richesse foncière s'élevait à 1 434 687 803 $. Le ratio d'endettement atteignait 4,35 %.» (La Voix de l'Est, 3 octobre 2009)

«La situation n'est toutefois plus la même, a tenu à faire valoir Richard Goulet. «À l'époque, la richesse foncière de la ville était de 1,4 milliard$ et le ratio d'endettement était de 4,4%», note-t-il. «À la fin de 2011, la richesse foncière sera de 5 milliards$ et le ratio d'endettement, de 1,26%.» (La Voix de l'Est, 7 décembre 2010)

«Si la municipalité est présentement revenue à son taux d'endettement de cette époque, soit 62,9 millions de dollars, il rappelle qu'avec une richesse foncière actuelle d'une valeur de 5 milliards$ comparativement à une richesse foncière de 1,4 milliard$ en 1993 -, cela équivaut à un ratio un ratio d'endettement de 1,26%.»  (La Voix de l'Est, 27 janvier 2011)

Ce qui est vrai pour l'endettement est aussi vrai pour les investissements.  Le ratio «investissement / richesse foncière» est sensiblement le même depuis toujours.  Richard Goulet n'a pas investi plus qu'un autre maire dans ce domaine.  Il ne faut pas oublier non plus que les infrastructures souterraines 1994-2005 ont été payés comptant alors que ceux 2006-2011 ont pratiquement tous été financées par emprunt, soit des coûts additionnels d'environ 40% (Donc, les infrastructures à 5,5 M $/année nous coûteront en réalité 7,7 M $/année).

De plus, notez que ce sont des «dollars constants».  C'est-à-dire qu'avec 1 $ en 1994 on achetait beaucoup plus qu'avec 1 $ en 2010.

Une image vaut mille mots, alors voici un petit graphique concernant les investissements dans les infrastructures pour la période 1994-2009 (cliquez l'image pour agrandir):


Les chiffres dont on parle, c'est la ligne bleu.  J'ai aussi ajouté les dépenses liées à l'asphaltage (ligne rouge).  Notez le pic en 1995 (alors qu'on remboursait la dette en plus de payer comptant).  La ligne verte représente les montants totaux investis dans les infrastructures.  Le pic en 2008 est possiblement dû à la réfection du pont Mountain.  Notez aussi que la Ville et le Canton ont été fusionnés en 2007, ce qui fait augmenter la richesse foncière de la nouvelle Ville de Granby (donc il est normal d'investir plus d'argent).

De deux choses l'une:  Richard Goulet ment et trompe les citoyens ou Richard Goulet ne comprend rien aux finances.  À vous de choisir.

Réveil médiatique

Je crois que la plus grande leçon à retenir de ce sondage c'est le fait que les citoyens de Granby n'expriment pas publiquement leur désaccord avec le conseil municipal.  Les médias devront mettre plus d'effort dans leur travail afin d'aller chercher ce qui intéresse les gens.  Si 76% des gens sont inquiets de l'accroissement de la dette, 40% croient en plus qu'il n'est pas justifié et 34% croient que la réduction de la dette devrait être la priorité du conseil - soit 37 000,  19 000 et 16 000 électeurs potentiels.  Même en divisant ces nombres par 2 ou par 3 pour représenter le nombre réel de voteurs, ça ne «fit» pas avec les 44 citoyens qui signent les registres.

Les gens sont blasés de la politique et des politiciens.  Ils sont aussi mal informés de ce qui se passe.  Il est primordial que les médias aillent chercher les gens et ne pas seulement attendre que les gens viennent à eux.

1 commentaire:

  1. A la défense des journalistes:

    Le maire, qui parle avec beaucoup d'autorité surtout lorsqu'il ment, n'est pas confronté à une opposition structuré qui serait généralement accessible à ces derniers pour donner la réplique. Et on ne peut certainement pas se fier a nos échevins ces rois de l'aplaventrisme en face du premir magistrat pour nous donner un éclairage nuancé.

    Ils n'ont pas la connaissance, le goût ni de désir de faire face à l'arrogance du maire.

    Ils ne sont pas supportés par la direction de la salle de rédaction dans une quête d'information complète et neutre.

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