lundi 7 juin 2010

Sacrifier la vie intellectuelle, la réflexion, l'échange et le progrès

Je vous laisse sur ces quelques mots écrits par Bernard Demers et tirés de ses commentaires "Entre angélisme et cynisme" - Partie 1 et 2, publiés dans La Voix de l'Est, les 3 et 7 juin derniers.

Je n'aurais pu trouver de meilleurs mots pour exprimer ma pensée:

"Mais on ne discute plus. En famille, on ne parle pas de politique et chacun campe sur ses positions, refusant d'avance toute discussion et toute argumentation. Pire, le fait de discuter et de contredire est maintenant vu comme une impolitesse, quand ce n'est pas vu comme une agression ! On ne discute plus dans la rue, chez soi, au travail. L'angélisme règne et, au nom de la bonne entente, on sacrifie la vie intellectuelle, la réflexion, l'échange et le progrès.

(...)

De même que la colère peut être une vertu quand elle est refus d'un ordre établi inacceptable, le cynisme est un courage; celui de dénoncer, s'il le faut par le ridicule, ce qui doit être dénoncé.

On ne pratique plus le cynisme de même que l'on ne pratique plus l'argumentation. Tout se vaut et, au nom du vivre ensemble, on perd le sens du mot vivre. Je ne demande pas que l'on meure pour ses idées, mais au moins que l'on vive pour elles. Je m'inquiète d'une société à ce point tiède qu'elle ne s'excite plus sur autre chose que des choses. On consomme, on parle de notre consommation, qu'il s'agisse des émissions de télé, des matchs sportifs, de notre récent frigo ou de notre nouvelle auto. Mais quand parle-t-on d'idée, quand parle-t-on de valeur?

Bien sûr, si je vous parle de mes idées, comme je le fais d'ailleurs depuis plusieurs mois, vous ne serez pas toujours d'accord. Mais pourquoi faudrait-il l'être? Au contraire, c'est par la confrontation des idées, par l'écoute des arguments des autres, par la discussion ouverte et souvent passionnée que le progrès est possible.

(...)

J'aime la politique, car elle est l'une des activités essentielles de notre démocratie. Je souhaite qu'elle soit un objet de conversation, de discussions, de tensions dans la recherche des meilleures solutions.

(...)

Alors, les électeurs sont désabusés. Ils ne s'intéressent pas à la politique. Moi, je les voudrais, je vous voudrais vraiment cyniques, vraiment critiques, vraiment fâchés.

C'est ce que je nous souhaite pour la prochaine élection."