mercredi 1 décembre 2010

Revue de l'année 2010

«Il se passe tellement de choses que j'ai de la misère à résumer l'année en deux ou trois points», nous disait Richard Goulet le 30 octobre dernier.

Il réussit tout de même à le faire en nous mentionnant ses 3 faits  marquants:  La vente des terres Miner, l'agrandissement de l'aréna et - ce qui est le le plus marquant de 2010 selon lui - la somme record de 56 millions$ investie dans les travaux d'immobilisations, au lieu des 28 millions$ planifiés.

Je ferai ici ma propre analyse et j'irai plus loin que 2 ou 3 points.  Je noterai les objectifs fixés en 2010 (en fait, il y en a qu'un seul), les moyens entrepris pour atteindre cet objectif et les résultats obtenus en 2010. J'analyserai aussi une liste de dossiers qui sont malheureusement passés sous silence en 2010.

Objectif

Suite à mon entêtement à demander au maire qu'il nous donne des chiffres sur sa vision économique, il nous dira finalement en début d'année qu'il ne s'inquiètera pas tant que la dette n'atteindra pas 115 M$.  Tous ont compris que ce chiffre est en fait un objectif à atteindre.  On veut une dette.  Il nous faut une dette.

Moyens

C'est bien beau avoir un objectif, encore faut-il passer de la parole aux actes.  Là encore, Richard Goulet ne déçoit pas.

Augmentation de la dette

Après avoir prévu 13 M$ d'emprunt dans le budget 2010 (+ l'aréna, puisqu'on n'était pas certain de réaliser le projet), au mois de mai on apprenait que ce montant serait majoré à 19,5 M$ (+ l'aréna).

L'endettement de la Ville passera de 44 M$ (début 2010) à 64 M$ (début 2011).  À un tel rythme, nul doute que notre objectif de 115 M$ sera atteint rapidement.

Augmentation des dépenses

C'est bien beau d'emprunter de l'argent, mais encore faut-il le dépenser.

Il faut d'abord mettre les priorités en place:  Les élus auront droit à des augmentations de salaires.  Il y aura l'importance de changer les affiches de nom de rue - pour y mettre 3 gouttelettes d'eau - pour la somme de 600 000 $.  Les merveilleux terrains de baseball, au coût de 5 M$, pour garantir des services à 172 joueurs.  Une somme qui a pourtant été décriée par un conseiller et des utilisateurs qui vont en profiter.  Et comment peut-on passer au côté de notre golf, auquel les dépenses dépasseront encore les estimations.  Surtout qu'il y a un ralentissement économique dans ce domaine.

Il y en a d'autres encore, mais je les garde pour la section «dossiers passés sous silence» de ce blogue.

Résultats

Richard Goulet applique sa méthode de gestion depuis déjà 4 ans, il est temps de voir les fruits que nous avons cueillis en 2010.

Aréna

Premier point, un référendum - qui s'est avéré inutile - a dû être fait.  Si le projet aurait été correctement expliqué aux citoyens dès le départ, nous aurions pu éviter une dépense de 300 000 $.

Deuxième point, les travaux n'étaient même pas terminés que déjà on apprenait l'intérêt du privé pour une 4e glace à Granby;  un projet discuté par un conseiller et des citoyens et que notre maire avait jugé non nécessaire.

Centre-ville

On a investi beacoup d'argent pour revitaliser le centre-ville.  Mais est-ce que ça rapporte?  Pour la fête des mascottes 2010, il semblerait que non.

De plus, en mars dernier, il y a eu cette excellente lettre de Richard Racine qui dénonçait le manque d'implication des gens du centre-ville.   Le problème persiste encore.

Nous avons eu finalement le scénario de revitalisation du centre-ville au mois de mai.  Rien de très novateur et, surtout, rien pour le terrain du bar que nous avons acheté (et démoli) à grand frais.  Pourtant, Richard Goulet nous disait attendre ce moment pour nous dire ce qu'il en ferait, puisqu'il n'avait aucune raison pour faire cette expropriation qui est toujours entre les mains d'avocats.

Taxes

Le taux de taxes demeure toujours à 80¢ à Granby.  Pourtant il a diminué à Shefford; le maire de St-Alphonse a annoncé son intention de faire la même chose et on on peut s'attendre à ce que Bromont emboîte le pas dans les prochaines semaines.  Si on ne bouge pas et que tout le monde avance, est-ce qu'on recule?

En fait nous amassons tellement d'argent que nous accumulons de larges surplus.  Diminuer les taxes?  Emprunter moins?  Allons donc!  Il suffit de dépenser plus!

En septembre dernier, le Regroupement des propriétaires d'habitations locatives (RPHL) s'inquiétait de la hausse des taxes à Granby.  Le RPHL représente 1300 membres dans les Canton-de-l'Est.  Pourtant le seul maire qu'il rencontre est celui de Granby.  Il y a là un message très fort sur la qualité de la gestion de notre Ville.

Réputation

«On a mis Granby sur la carte».  La jolie phrase de Richard Goulet.  Voyons voir ce qu'on dit de nous  lorsque Granby est mis sur la sellette.

Tout a commencé cet été avec un boycott sur la ville - et même la parution d'une annonce classée - de la part des motocyclistes sur Facebook.  Il y a eu au moins 4 groupes Facebook pour dénoncer ce qui se passe à Granby, par des Granbyens, mais aussi des gens de l'extérieur.

Puis vint Stéphane Gendron avec son éditorial «Granby.  Que s'y passe-t-il?»  Le premier mot, première phrase, de ce texte: «Rien.»

Plus tard, il en rajoutera à la télé avec son édifiant éditorial: "Le maire de Granby, un «no name hystérique»???"

Et puis il y a eu cet incident avec l'aéroport de Bromont.  Mais ça semble être réglé. Personne ne comprend vraiment pourquoi les conseillers de Granby étaient si frustrés et pourquoi ils ont maintenant le sourire aux lèvres.

Je cherche toujours les textes, reportages ou autres qui vantent le dynamisme et la gestion de Granby (outre ceux venant du maire ou de ceux qui profitent de sa générosité, bien entendu).

Pour les résultats  positifs, disons que Richard Goulet est excellent pour organiser des gros partys.

Les grands dossiers passés sous silence

En fait, tous les dossiers dont je veux parler ont en commun une seule chose:  L'apparence de conflit d'intérêt.  Et tout ça est relié au style de gestion de Richard Goulet.  L'argent est facilement distribué, mais il semblerait que certains ont beaucoup plus de facilité à l'obtenir et que ce qui semble être un bon investissement pour la Ville dans certains cas, ne l'est pas dans d'autres.

Quartier FC

En début d'année, j'avais parlé en séance publique du mauvais investissement qu'était le terrain où est situé maintenant le Quartier FC au centre-ville.  Ce à quoi le maire me corrigea en me disant que j'oubliais de calculer que les taxes perçues durant les 10 prochaines années rembourseront la perte financière subie.

Si on approche le problème de ce point de vue, cela revient à dire que nous avons donné un congé de taxes pour 10 ans afin de «récompenser» les gens qui construisent à Granby.  Si nous appliquerions cette philosophie à tous ceux qui construisent à Granby, cela nous coûterait au moins 10 M$ par année pour financer un tel «programme» de subventions (Il y a environ 100 M$ de nouvelles constructions à Granby chaque année et les taxes représentent environ 1% de la valeur foncière).

La question légitime est la suivante:  Pourquoi le Quartier FC et pas les autres?  Il semblerait que M. Favreau, co-propriétaire de l'immeuble, est un bon ami de Richard Goulet.  J'aimerais bien que quelqu'un me confirme cette information.

Les terres Miner

Une chose similaire se produit avec les terres Miner.  La Ville offre du financement d'«ami» aux acheteurs.  Encore une fois, si le but derrière ça est d'encourager les promoteurs à choisir Granby pour leurs projets, cela pourrait être vu comme une forme de subvention.  Mais pourquoi n'offre-t-on pas des prêts similaires aux autres promoteurs qui investissent à Granby?

La réponse à cette question est beaucoup plus évidente:  Il faut conclure la vente au plus vite.  C'est la raison pour laquelle on a «donné» une école malgré le fait qu'elle n'est pas bien située.  C'est la raison aussi pour laquelle on fait fi des règlements municipaux pour maximiser la valeur du terrain.

CINLB

L'investissement de 1,8 M$ dans le CINLB est un bon exemple d'une relation amicale payante.  Cette entente s'est conclue cette année où la Ville va finalement payer 1,8 M$, soit 100% des dépenses, alors qu'elle devait initialement payer 1 M$, soit 33% des dépenses.

Ferme Héritage Miner

Le cas de la ferme Héritage Miner est un cas aberrant sachant les montants offerts.  540 000 $ en subvention pour ce seul organisme, cette année seulement, en plus de fournir le terrain gratuitement.  Il y avait même 2 conseillers qui étaient gênés de donner un tel montant.

Allons-y avec des faits.  Paul Goulet, le fils de notre maire, est bénévole pour l'organisme.  Sur le site internet de sa compagnie il cite la Ferme Héritage Miner comme étant une cliente.  Parmi les services offerts par sa compagnie, on note le suivant:

«RELATIONS AVEC LES INFLUENCEURS - Qu'ils soient journalistes, analystes, législateurs ou piliers de la communauté, nous entretenons avec eux des relations qui nous permettent de livrer les messages de nos clients par les canaux les plus crédibles et les plus efficaces.

Je ne me souviens pas que le maire se soit retiré de la table lors de cette prise de décision.  Pourtant il le fait lorsque le dossier du complexe de soccer est discuté, et on ne parle que de changement de zonage et non de 540 000 $ de subventions.

Hausse des coûts de la voirie

C'est probablement le dossier qui étonne le plus de par le peu d'attention qu'on lui a porté.  Les coûts de la voirie ont augmentés de 27% depuis la venue de Richard Goulet à la mairie.  Et les coûts sont 10% supérieurs à ceux de St-Hyacinthe et 75% de plus que ceux de Drummondville.

La seule explication du maire?  On a fait beaucoup de trottoir.  Mais voyons ce que disait Richard Goulet en octobre 2009:

«Tous les ans, il faut investir un minimum de 5, 6, 7 M $, avance-t-il. Dans les trottoirs depuis quatre ans, nous avons mis en moyenne 200 000 $ par année pour les refaire.»

200 000 $ sur 6 M$, ça fait 3%.  Même si avant Richard Goulet on ne faisait aucun trottoir, cela ne justifierait qu'une augmentation de 3%.  Ceci n'est clairement pas la raison.

Pour moi ceci confirme que les coûts ont augmenté de façon alarmante à Granby.  Il serait étonnant que ceci se limite uniquement à la voirie.  Alors lorsque Richard Goulet dit fièrement avoir investi 56 M$ dans les travaux d'immobilisations en 2010, moi j'entends que 27% de ces 56 M$ ont été gaspillés, soit 15 M$ au total.  C'est énorme.  On aurait pu refaire l'aréna au complet avec un tel montant.

N'importe où ailleurs, cette nouvelle aurait eu l'effet d'une bombe.  Les médias auraient dû saisir cette nouvelle et en faire la une.  Elle est simple à comprendre.  Il n'y a pas de zone de gris, c'est soit noir, soit blanc: Pourquoi un kilomètre de rue coûte plus cher qu'avant et surtout plus cher qu'ailleurs?

Fait amusant à noter:  Depuis que l'opération marteau est en vigueur, les coûts des travaux pour les gouvernements ont diminués de 36% ...

La publicité

Encore une fois, ici il n'y a rien d'illégal.  Mais les apparences font poser beaucoup de questions et pour certains elles pourraient expliquer pourquoi il y a tant de dossiers passés sous silence, incluant celui-ci:  Les achats de publicité dans les médias locaux.  Noter que les chiffres mentionnés dans ce blogue ont été obtenus sous la loi d'accès à l'information par un citoyen.  Donc ils sont confirmés par la Ville.

Une personne objective  peut se questionner sur l'intérêt de la Ville à augmenter son budget "information" de 45 000 $ à 330 000 $ par année;   surtout lorsque ce sont les journaux locaux qui empochent la majeure partie de ce montant - durant une période où l'Internet leur fait la vie dure.

Il est absolument inconcevable à mes yeux que les journalistes ne fassent pas plus de journalisme d'enquête sur ce qui se passe à la mairie, surtout sachant que les mots «corruption», «collusion» et «conflit d'intérêt» sont partout en ce moment.  Et ce blogue ne concerne que 2010.

1 commentaire:

  1. CHAPEAU! POUR VOTRE ANALYSE. EFFECTIVEMENT CE QUI SE PASSE À GRANBY EST À L'IMAGE DE CE QUI CE PASSE À LAVAL, TERREBONNE, MASCOUCHE, ETC... ON COMPREND POURQUOI LE MODÈLE POLITIQUE DE GOULET EST CHAREST. ILS ONT LES MÊMES AMBITIONS DÉPOURVUES DU PLUS ÉLÉMENTAIRE RESPECT DES BESOINS RÉELS, DU BIEN-ÊTRE ET DES BIENS DE LA POPULATION. CE SONT DES MONARQUES NOMBRILISTES.

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