jeudi 14 janvier 2010

La vision économique de Richard Goulet

Aujourd'hui, la vision économique de Richard Goulet se précise.  Sans grande surprise car nous l'avions déjà devinée et je l'avais partagé avec vous dans mon blog "Dette 101: Pourquoi maintenir une dette n’est pas payant".  Dans ce blog, j'y avais écrit:

"Selon certaines personnes, une dette « saine » doit être de 2,2% de la valeur foncière d’une ville, soit la dette moyenne de toutes les villes du Québec."

Richard Goulet nous dit maintenant ceci dans La Voix de l'Est:

"Selon lui, Granby pourrait avoir une dette de 115 millions$, et ce serait encore acceptable. «On serait juste dans les normes de ratio dette/richesse foncière», a-t-il dit."

Richard Goulet a maintenant un objectif, un but à atteindre:  On doit avoir une dette de 115 M$.  Pourquoi 115 M$?  Parce que ce montant correspond à 2,5% de la richesse foncière de la Ville de Granby.  Pourquoi 2,5% de la richesse foncière?  Parce la ville moyenne au Québec a un endettement de 2,5%, c'est la "norme".

Richard Goulet croyait que nous ne comprenions pas sa vision.  Mais nous la comprenons trop bien.  Le problème, c'est qu'elle ne tient pas la route.

Le piège de la moyenne

Ce n'est pas parce que tout le monde fait une chose, que c'est nécessairement la chose à faire.  Voici un exemple parfait pour ramener ça à un niveau plus personnel pour chacun d'entre nous: Le crédit à la consommation.

Le crédit à la consommation est le montant de l'endettement que chacun d'entre nous possède, sauf l'hypothèque.  C'est-à-dire, les cartes de crédit, les marges de crédit et les prêts personnels.  Je vous invite à voir les statistiques de l'ISQ, ainsi que l'article de Claude Picher qui les expliquent.

Selon ces statistiques, en 2008, le québécois moyen avait un crédit à la consommation équivalent à 38% de son revenu personnel.  Comme le revenu annuel moyen était de 25 472$, alors la dette moyenne était de 9 691$.

En voyant de telles statistiques, notre ami Richard Goulet nous dirait: "Diantre!  Je n'ai pas assez de dettes.  Je dois absolument atteindre 38% de mon revenu annuel pour être comme tous les autres québecois."

Que va-t-il se passer si tous les gens qui ont un endettement en-dessous de 38% font la même chose que notre ami Richard Goulet?  La moyenne va augmenter.  Pourquoi?  Parce que ceux qui ont un endettement supérieur à la moyenne ne tentent pas d'abaisser leurs dettes.  Et comme il y a beaucoup de Richard Goulet dans ce monde, c'est exactement ce qui c'est passé au Québec.  En effet, en 1982 l'endettement du québécois moyen n'était que 14% de son revenu personnel.  Mais les gens qui avaient moins de 14% d'endettement se comparaient aux gens de leur entourage en se disant que leur situation n'était pas si grave et qu'ils pouvaient se permettre d'emprunter un peu plus.  Résultat:  26 ans plus tard l'endettement a monté GRADUELLEMENT à 38% du revenu personnel.

Le coût du maintien d'un dette

Le privilège d'acquérir un bien ou un service sans le payer, ça coûte quelque chose: Les intérêts.  La raison en est simple: Si vous ne payez pas, c'est parce que quelqu'un l'a fait pour vous, c'est-à-dire le prêteur.  Personne ne paye à votre place sans obtenir de quoi en retour. Le prêteur pourrait utiliser son argent pour s'acheter quelque chose aujourd'hui au lieu de vous le prêter et se priver.  Par contre, il sait que les intérêts qu'il percevra seront plus haut que le taux d'inflation, et donc il aura un plus grand pouvoir d'achat dans le futur.  C'est le contraire pour vous: Vous obtiendrez un plus petit pouvoir d'achat dans le futur.

Vous pouvez toujours relire "Dette 101", mais laissez-moi vous simplifiez facilement ce que coûte une dette à une municipalité, peu importe sa grosseur, peu importe ses revenus.  Une formule simple pour avoir une estimation rapide est la suivante:

Intérêt (¢/100$) = taux d'endettement (%) X taux d'intérêt (%)

Donc, une municipalité qui maintient chaque année un taux d'endettement de 2,5%, avec un taux d'intérêt annuel moyen de 5%, devra percevoir 12,5 ¢ par 100$ d'évaluation sur le compte de taxes pour payer les intérêts seulement et ce, chaque année.

Emprunter ou économiser?

Quelle est la différence entre emprunter et économiser?  Emprunter, c'est faire les paiements après l'achat et économiser, c'est faire les paiements avant l'achat.  De plus, emprunter, c'est payer des intérêts et économiser, c'est recevoir des intérêts.

Lorsque les gens pensent à économiser les "paiements" avant l'achat, ils imaginent souvent les périodes interminables des emprunts - soit 15, 20 ou 30 ans - et ils craignent ne pas voir le jour ou ils pourront faire les achats.  Or, ce n'est pas le cas, car non seulement il n'y a pas d'intérêts à payer, mais nous en recevons, ce qui signifie des termes beaucoup moins long.

Est-ce possible de prévoir si longtemps à l'avance?  Allons-y d'un exemple simple et contemporain: l'aréna.  L'aréna est une promesse électorale de Richard Goulet en 2005.  Si on ne tient pas compte des subventions, cet aréna devrait nous coûté 6 M$ cette année, en 2010.  Si Richard Goulet avait mis de côté environ 2¢ par 100$ d'évaluation chaque année de 2005 à 2010 (10¢ au total), nous pourrions payer cet aréna comptant aujourd'hui.  Mais parce que Richard Goulet n'a pensé qu'au projet sans tenir compte de la façon de le financer, nous allons payer environ 1¢ par 100$ d'évaluation, mais pendant 15 ans, soit 15¢ au total.

Imaginez, si Richard Goulet avait émis un taux de taxes de 82¢ au lieu de 80¢ ces dernières années, il aurait pu abaisser le taux de taxes à partir de 2011 à 79¢ et ce, pour les 15 années suivantes, tout en vous donnant exactement ce qu'il vous a donné ou qu'on vous donnera dans les 15 prochaines années.  Et ceci, ce n'est que pour l'aréna.

Conclusion

Pour être un visionnaire, il faut absolument s'éloigner des sentiers battus et innover.  Chose certaine, lorsqu'on fait comme la moyenne des gens, on obtient les mêmes résultats et jamais on ne se démarquera du groupe.  Richard Goulet n'est pas un visionnaire.

Révision, 15 janvier 2010:

Si vous voulez lire un texte un peu plus impartial qui dit en essence la même chose qui est mentionnée dans ce blog - du moins en ce qui concerne le fait de se comparer à la moyenne -, lisez ce blog de M. Laliberté.

2 commentaires:

  1. Le maire Goulet un grand visionnaire, quand tes rendus à comparer les pommes avec les oranges, sais que nous sommes tous des idiots! À date aucun de ces gestes ne marquera la courte histoire de la ville de Granby, à sais vrai le parc à chien, a quand celui pour les chats?

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  2. M.O'Breham,
    J'admire votre courage et votre ténacité à dénoncer ce que tous les gens sensés savent depuis toujours: La véritable richesse est de posséder des biens payés et non de rembourser à plus ou moins long terme une foule d'items. Je ne suis pas extrémiste et je peux comprendre qu'actuellement il est normal d'emprunter pour des biens essentiels (encore faut-il le faire avec discernement). Je vous approuve de continuer de faire entendre raison à notre conseil de ville totalement dépendant d'un maire déconnecté de la réalité et insensible au poids d'endettement croissant qu'il met sur le dos des citoyens pauvres et moyens. Je pense HÉLAS!que vous prêchez "dans le désert". On n'a qu'à regarder ce qui se passe autour de nous pour constater cette triste réalité: l'individualisme, l'insouciance et l'irresponsabilité ainsi que la recherche égoïste des plaisirs, désirs et ambitions passe bien avant le "penser aux autres" qui donnait toute sa dignité aux générations précédentes. Les journaux, la télévision, le cinéma, l'internet, la publicité, etc... ne nous montre que ça: comment tricher, mentir, dominer, écraser, se servir dans le seul but de se satisfaire. Le respect que nos parents et nos grands-parents nous ont enseigné est presque totalement disparu de nos relations humaines actuellement et ça à mon avis, c'est LE PLUS GRAND DE TOUS LES DRAMES et nous en payons déjà le prix.

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