Une petite chose anodine s'est passée à la dernière séance du conseil. Le propriétaire du 800 Principale (le bar Le Central) a fait une demande de changement de zonage pour pouvoir présenter des spectacles avec nudité. Cette demande était motivée par l'intérêt des promoteurs du défunt bar Le Studio − exproprié par la Ville il y a 2 ou 3 ans − d'y déménager leur commerce.
Cette demande a été évidemment rejetée à l'unanimité par le CCU et le conseil. Pourquoi donc faire une demande qu'on sait sciemment va être refusée?
Il ne faut pas oublier que le dossier de cette expropriation n'est pas fermé. La Ville a déjà dépensé 1 M $ pour acquérir et démolir les immeubles et pour dédommager les propriétaires et locataires ... sauf les propriétaires du bar Le Studio. Le montant du dédommagement est toujours débattu au niveau juridique et on parle en millions de dollars.
En cour, lorsqu'on veut prouver le dommage subit, on doit le démontrer. Pour ouvrir un tel bar à Granby, il n'y a que 3 zones identifiées sur le territoire. Ces zones ont été déterminées en 2003 sous l'administration du maire Racine. Suite à l'implantation d'un cinéma érotique au centre-ville, le conseil avait réagi en interdisant de tels commerces au centre-ville (et en définissant 3 nouveaux secteurs, puisqu'on ne peut interdire l'accès à un commerce sur un territoire, seulement gérer où il peut s'installer), donnant ainsi un droit acquis à ce cinéma et au bar Le Studio; Le jour que ces commerces fermeront leurs portes, ils ne pourront plus réouvrir au centre-ville. Ce fût le cas pour le cinéma. À Drummondville, on avait fait quelque chose de similaire (voir le reportage ici. Notez aussi dans cet article comment à Saint-Hyacinthe on gère le problème différemment et, contrairement à Granby, on «préfère peut-être mettre les efforts et les sous ailleurs»).
Contrairement à la mairesse de Drummondville, Richard Goulet n'était pas assez patient pour attendre la fermeture du bar et il décida de l'acheter pour le fermer lui-même. C'est «bordeline» légal, mais il y a hic: Il doit dédommager les commerçants. C'est comme ça lorsqu'on ne vit pas dans une dictature. La Ville peut dire «vous n'avez qu'à rouvrir le bar ailleurs», mais si cela entraîne des coûts supplémentaires ... c'est ça payer un dédommagement.
Or, il n'y a pas de local disponible pour un tel commerce dans les secteurs autorisés. Alors, si j'étais à leur place, j'en concluerais que la seule solution sera de rénover de façon majeure un bâtiment existant ou, pire encore, d'acheter un terrain et construire. Des dépenses que les promoteurs n'auraient jamais eu si l'expropriation n'avait pas eu lieu ... c'est ça payer un dédommagement.
Tout ça ne répond pas à la question: Pourquoi faire une demande changement de zonage pour le 800 Principale alors qu'on sait qu'elle sera refusée?
La réponse est simple: C'est pour démontrer au juge deux choses. 1° Quel est le genre de local nécessaire pour combler leurs besoins; 2° Pour démontrer leur bonne foi pour trouver un local à moindre coût (La Ville aurait pu accorder le changement de zonage et tout aurait été simplifié).
Mais, avec ce simple refus, la Ville vient de confirmer que les 3 secteurs sont des emplacements non négociables. À ce stade, le conseil n'avait pas le choix, mais il se place dans une délicate position.
Tout ça pour dire qu'il y a de fortes chances qu'on finisse par avoir à Granby un club de danseuses flambant neuf, payé à même les fonds des contribuables. Et puisque que ça fait déjà plus de 2 ans qu'ils n'ont pas de revenu, j'imagine que ça aussi fera partie du dédommagement.
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