Il faut vraiment que je donne mon support à Pascal Bonin qui tient à bout de bras un dossier difficile, mais pourtant très important: L'attribution des contrats de surveillance des travaux.
C'est important d'encourager ce conseiller dans ce dossier, car seul un membre du conseil pouvait nous révéler les dessous de ce que certains pourraient qualifier de «manigances» pour contourner le système. Pascal Bonin dénonce courageusement ce système odieux malgré le dénigrement et l'indifférence de ses confrères et consoeurs. Il est triste de voir que ce dossier ne préoccupe pas plus que ça nos journaux locaux malgré des preuves flagrantes. Il est vrai qu'on doit faire un peu de recherche pour les trouver; ce blog sert à mettre à jour les incohérences des explications de notre conseil à ce sujet.
SERVICES PROFESSIONNELS EN ARCHITECTURE - Surveillance de chantier - Agrandissement et rénovation du poste de police et de la caserne de pompiers
Tout commença l'été dernier alors que la Ville de Granby va en appel d'offres pour retenir les services d'ingénierie pour surveiller le chantier de la caserne de pompier. Le projet total est évalué à 7,5 M $.
Comme on peut le lire dans l'
appel d'offres, la valeur estimée est entre 100 000 $ et 199 999 $, ce qui correspond à 2 % du coût total du projet. De plus, il y a 3 critères d'admissibilité pour les soumissionnaires:
"Un bâtiment ou une partie de bâtiment où le fournisseur exerce des activités professionnelles de service d'ingénierie de façon permanente, clairement identifié à son nom et accessible au public durant les heures normales d'affaires."
La deuxième chose à noter est que, comme l'a mentionné Pascal Bonin, ces critères ne s'appliquent que pour les contrats estimés à moins de 500 000 $. Avec une estimation plus haute, les fournisseurs peuvent venir de l'extérieur de la MRC.
Sans surprise,
Cimaise-FBA fût le seul soumissionaire et remporta l'appel d'offres. Ce qui a surpris, c'est le montant de la soumission, soit 325 000 $ ou 4,3 % du coût total des estimations. J'avais dénoncé le fait que le conseil ne se souciait pas de cet écart majeur entre l'estimation des fonctionnaires de la Ville et les coûts réels (
ici et
ici). Un citoyen avait demandé des précisions à ce sujet durant la période de questions de la séance de septembre et Richard Goulet avait répondu ceci:
Notez bien ses propos car j'y reviendrai:
«Je me serais posé de sérieuses questions s'il y avait un soumissionnaire et que ça aurait été à 8 % ou 9 % exemple, ça je pense que ce n'était pas dans les normes par rapport au travail demandé».
Pascal Bonin avait dénoncé les conditions trop restrictives des appels d'offres. Le reste du conseil a continué de défendre le système en invoquant 3 raisons:
- Les prix ne seront pas différent si on sort de la région;
- Il faut encourager l'économie locale;
- Lorsqu'une firme regroupe les services d'architecture, de génie et de contrôle des matériaux, c'est pour une question d’efficacité et de responsabilité afin que personne ne se lance la balle.
Première preuve: Les prix peuvent être plus bas lorsqu'on sort de la région
En décembre dernier, un autre contrat est accordé. Comme le contrat est estimé à plus de 500 000 $, il est ouvert à tout le Québec.
Surprise, une firme de Candiac fait une soumission avec un montant équivalent à 1,8 % du coût total des travaux. Malgré que ce coût correspond aux estimations traditionnelles des fonctionnaires de la Ville, Richard Goulet maintiendra que 5 % est un montant «normal» et que ce contrat «sort de l'ordinaire».
Deuxième preuve: Une seule firme n'est pas plus efficace que trois firmes différentes
De retour à notre contrat de surveillance de chantier de la caserne de pompiers, nous apprenions lundi dernier que
Cimaise-FBA en est à 111 erreurs. Pascal Bonin nous expliquait qu'il valait peut-être mieux engager des firmes professionnels dans leur domaine respectif:
Donc le coût du contrat est maintenant de 698 000 $ (soit 325 000 $ plus 373 000 $). Peut-être est-ce dû à des surprises imprévisibles ? Voyons
ce que M. Favreau a à dire à ce sujet:
«On a eu seulement 120 jours pour préparer les plans complets. Quand t’es pressé par le temps, ça arrive qu’il y ait des erreurs»
«Il y a des choses en génie qu’on n’a pas pu faire parce qu’il fallait déposer la soumission. On n’aurait pas pu tout faire»
«Peut-être que les ingénieurs ont émis des plans qui n’étaient pas parfaitement coordonnés et qui auraient dû être vérifiés»
Non! Ce sont des erreurs dues à une mauvaise préparation, tout simplement. Selon M. Favreau, si on aurait pris le temps de bien faire le travail, ce sont les coûts auxquels on aurait dû s'attendre. Ceci soulève deux questions:
1) Les coûts sont maintenant supérieurs à 500 000 $, donc nous aurions dû aller en appel d'offres sur tout le territoire du Québec et nous aurions probablement eu plus qu'un soumissionnaire;
2) Si
Cimaise-FBA aurait soumissionné à 698 000 $, cela aurait représenté plus de 9 % des coûts totaux estimés en septembre dernier à 7,5 M $. Pire encore, depuis ce temps, nous connaissons la plus basse soumission pour les travaux qui seront de 6,8 M $, comme nous le faisait remarquer Richard Goulet, de façon bien innoncente, lundi dernier:
Donc, si les fonctionnaires de la Ville avait adéquatement estimé les coûts à 6,8 M $ au lieu de 7,5 M $, 698 000 $ représente plus de 10% des coûts totaux des travaux de la caserne. Revisionnez maintenant la deuxième vidéo de ce blog.
Révision des conditions d'admissibilité
Mais, bonne nouvelle, les conditions d'admissibilité ne sont pas coulées dans le ciment et lundi dernier le conseil devait en faire la révision pour cette année. Pour aider nos conseillers à prendre une décision, le directeur général, Michel Pinault, y alla de recommendations basées sur le rapport Duchesneau à propos de la collusion dans le monde de la construction. Voici une présentation des «changements» apportés selon ces recommendations:
Notons d'abord que sans l'intervention de Pascal Bonin, jamais nous n'aurions eu connaissance du rapport «Pinault» - qui est un document interne - et nous n'aurions jamais su que le conseil a refusé de suivre ses recommendations.
Voilà, le seul argument qui demeure pour garder ces critères d'admissibilité qui ne servent pas les intérêts des contribuables granbyens, c'est pour «encourager l'économie locale». Le conseiller Girard tentera de nous rassurer en nous disant que plusieurs autres municipalités utilisent des façons similaires pour attribuer des contrats. Ce n'est guère rassurant lorsqu'on pense que le rapport Duchesneau existe car on considère qu'il y a un problème généralisé au Québec.
Se poser de sérieuses questions
Ce qui m'a vraiment poussé à écrire ce blog, ce sont les propos tenus par Denis Favreau dans le
Journal l'Express:
L’architecte Denis Favreau, responsable du chantier, ne comprend pas la réaction de la Ville. Selon lui, les travaux vont se conclure sous la limite budgétaire, qu’il chiffre à 7,5M$, malgré les erreurs aux plans et devis qu’il attribue au manque de temps. «Le budget que j’ai, légalement, c’est 7 551 032$. Il a toujours été respecté et on va finir les travaux en dessous du budget j’en suis convaincu», insiste-t-il.
Granby soutient toutefois que le contrat accordé à l’entrepreneur est de 6 011 849,90$ et que c’est là-dessus qu’il faut s’ajuster. «Il faudrait faire un projet sans que ça coûte une cenne de plus? Voyons donc!», réplique Denis Favreau, qui affirme qu’il est inévitable que des dépenses surviennent en raison de diverses conditions de chantier.
Alors, pour M. Favreau, il est «normal» que ça coûte toujours plus cher. Pour M. Favreau, si la Ville a prévu 7,5 M $ dans son budget, il est «normal» qu'elle le dépense au complet, même si la soumission acceptée est plus basse.
Ce mépris du processus d'appel d'offres, en plus de tout ce qui a déjà été dit - dont le fait que les coûts excèdent 9 % des coûts totaux alors qu'il n'y a qu'un seul soumissionnaire -, devrait être suffisant pour qu'on «se pose de sérieuses questions» comme Richard Goulet nous le disait en septembre dernier. Or, Richard Goulet ne se pose toujours pas de questions, il préfère chercher des excuses. Pascal Bonin, lui se pose de bonnes questions:
Les autres conseillers ? Silence total pour la plupart d'entre eux. Éliette Jenneau dira que l'augmentation du contrat de la caserne la «fait sourciller» mais elle n'a rien dit quant aux critères d'admissibilité des contrats. On a déjà mentionné la réplique de M. Girard. Mais on ne peut passer outre les excellentes réflexions de Michel Mailhot qui, après avoir écouté le questionnement de M. Bonin, nous disait:
Nous voilà maintenant rassurés: M. Mailhot nous dit qu'il a les intérêts des citoyens à coeur. Aucun argument face au questionnement de M. Bonin. Aucun argument pour justifier le refus de suivre les recommendations des rapports «Pinault» et Duchesneau. Nous devons croire sur parole qu'il fait du bon travail, tout simplement.
Il en rajoutera plus tard dans la séance, avec la complicité du maire après qu'une série de 4 directives de changements furent énumérées avec pour résultat des économies par rapport au prix de la soumission initiale:
Ce qu'il ne dit pas par contre, c'est que ces contrats ne sont pas reliés aux contrats de génie, d'architecture ou de contrôle des matériaux. Ils ne sont pas reliés aux compagnies «protégées» par les conditions avantageuses de l'attribution des contrats. Les 3 compagnies impliquées dans les directives de changements précédentes sont: Les Constructions Bricon ltée, Jonesco inc. et Bertrand Ostiguy inc. En passant, Jonesco c'est la propriété du «méchant» Michel Duchesneau, ennemi juré de Richard Goulet, qui ne cherche qu'à «causer du tort» à la Ville de Granby selon certains. Cimaise-FBA - la compagnie «protégée» qui crée des augmentations de coût - c'est la propriété de Denis Favreau, que beaucoup de gens prétendent être un bon ami de Richard Goulet.
Pascal, ne lâche pas l'excellent travail que tu fais dans ce dossier. Chers journalistes, éditorialistes et autres responsables de l'information, s.v.p., donner à ce dossier la visibilité qu'il mérite.